Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/529

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Jésus lui avait dit. Touché au cœur, il sortit et se mit à pleurer amèrement[1].

Hanan, bien qu’auteur véritable du meurtre juridique qui allait s’accomplir, n’avait pas de pouvoirs pour prononcer la sentence de Jésus ; il le renvoya à son gendre Kaïapha, qui portait le titre officiel. Cet homme, instrument aveugle de son beau-père, devait naturellement tout ratifier. Le sanhédrin était rassemblé chez lui[2]. L’enquête commença ; plusieurs témoins, préparés d’avance selon le procédé inquisitorial exposé dans le Talmud, comparurent devant le tribunal. Le mot fatal, que Jésus avait réellement prononcé : « Je détruirai le temple de Dieu, et je le rebâtirai en trois jours, » fut cité par deux témoins. Blasphémer le temple de Dieu était, d’après la loi juive, blasphémer Dieu lui-même[3]. Jésus garda le silence et refusa d’expliquer la parole incriminée. S’il faut en croire un récit, le grand prêtre l’aurait adjuré de dire s’il était le Messie ; Jésus l’aurait confessé et aurait même proclamé devant l’assemblée la prochaine venue de son règne céleste[4]. Le courage de

  1. Matth., xxvi, 69 et suiv., Marc, xiv, 66 et suiv. ; Luc, xxii, 54 et suiv. ; Jean, xviii, 15 et suiv., 25 et suiv.
  2. Matth., xvi, 57 ; Marc, xiv, 53 ; Luc, xxii, 66.
  3. Matth., xxiii, 16 et suiv.
  4. Matth., xxvi, 64 ; Marc, xiv, 62 ; Luc, xxii, 69. Le quatrième Évangile ne sait rien d’une pareille scène.