Page:Renard - Bucoliques, 1905.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
135
BUCOLIQUES

d’œil au chien qui continue d’aboyer derrière eux.

— Te tairas-tu ? lui dit M. Piccolin ; ne sommes-nous pas encore amis ?

Le chien tout noir montre ses dents si blanches qu’une femme en serait fière, dit Mme Piccolin, et semble un nègre révolté.

— La belle bête ! dit M. Piccolin. Quoiqu’on ait du courage, elle impressionne.

Ils en oublient de visiter les étables, et ils viennent finir leurs tasses de lait devant le chien.

— À propos, comment t’appelles-tu ? dit M. Piccolin.

Personne ne répond.

M. Piccolin passe en revue des noms de chiens célèbres. Aucun ne produit d’effet à ce chien et sa fureur augmente. M. Piccolin, qui n’ose approcher, le flatte vainement de loin, sur ses propres cuisses.

— Mon gaillard, lui dit-il, tu en fais un vacarme ! Tais-toi donc, tu vas t’étrangler. C’est heureux que ta chaîne soit solide.

Elle paraît si solide, qu’ils deviennent