Page:Renard - Comedies.djvu/39

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cussion, pour avoir la paix, à l’homme qui s’avancerait sur vous, les yeux injectés de sang, tandis que son visage émettrait une lumière verte… »

Ils rient tous les deux.
BLANCHE

Ça, c’est exagéré. Je prierais poliment le monsieur de prendre la porte. Mais c’était aimable de me l’écrire. Après ?

MAURICE. Il continue de lire la lettre, appuyé au fauteuil de Blanche.

« Et vous aimez qu’on vous aime finement, qu’on vous offre parfois deux sous de violettes, un baba au rhum, un bout de dentelle, une promenade en voiture et qu’on ait pour vous ces petites attentions sans prix qui font plus chaud au cœur des femmes que le duvet à leur cou… »

BLANCHE

Oui, j’aime qu’on m’aime ainsi.

MAURICE. Il lit avec une émotion croissante, et Blanche peu à peu se détourne.

« À peine ai-je eu le temps, cette nuit, de vous embrasser. Je n’ai pas assez, pas comme je désirais, pris possession de vous. De même qu’un visiteur timide repasse, une fois dehors, ce qu’il devait dire, je vous parcours des cheveux aux pieds, et je me dis : c’est là spécialement que j’aurais dû poser mes lèvres, là aussi, là encore, et je n’aurais pas dû, belle et bonne amie, relever un seul instant la tête… » (Il laisse tomber sa lettre.) Vous êtes la femme que je rêvais… Et je vous quitte !