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Page:Renard - Comedies.djvu/70

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MARTHE

Allons.

PIERRE

Car il est inexplicable, notre faible pour ce sujet de conversation. Dès que nous sommes seuls, dans ce salon, dans le jardin ou à la promenade, tout à coup votre œil s’anime et je sens que je vais briller : « Que pensez-vous de l’amour ? »

MARTHE

« Avez-vous un amant ? »

PIERRE

« Aurez-vous bientôt une maîtresse ? Où la mettrez-vous ? » C’est notre petit jeu préféré.

MARTHE

Il est innocent, puisqu’il se termine chaque fois par le double éloge de votre femme et de mon mari.

PIERRE

Mais pourquoi parlons-nous d’autre chose en leur présence ?

MARTHE

On ne parle bien de ces choses-là qu’à deux.

PIERRE

Mais alors, madame, c’est avec votre mari qu’il faut en parler. Et je vous en défie. Vous ne tarderiez guère à bâiller. Pourquoi ?