Page:Renard - Coquecigrues, 1893.djvu/205

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pipa gravement. De temps en temps il la changeait de coin, ou la tirait de sa bouche, crachait, s’essuyait les lèvres, et semblait sur le point de parler.

C’était une fausse alerte.

Une autre fois il ôta ses lunettes, croisa l’une sur l’autre leurs longues et menues pattes de faucheux, et les posa avec lenteur en un coin net de l’établi. On aurait juré qu’il avait pris un parti. La Morvande attendait. Mais Philippe attendait aussi.

— Eh bien ! dit enfin la Morvande, moi qui ne suis qu’une bête, j’ai une idée !

Elle espérait que Philippe allait lui dire :

— Laquelle ?

Elle dut s’animer seule :

— Et je suis venue te demander ton avis seulement pour te montrer que tu es encore plus bête que moi.

Loin de sauter sur son marteau, Philippe n’eut aucun mouvement de révolte. Il en avait écouté d’autres et connaissait les femmes, même la sienne. La Morvande ne prit plus le soin de calculer ses effets et commanda :