Page:Renard - Coquecigrues, 1893.djvu/236

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che ou de ses doigts, sans un geste, et d’un seul souffle, raide comme un soldat au port d’armes.

Le cerveau se vide tout entier. Elle avait de bien vilaines choses en tête, la bonne vieille. Puis, toujours louchant, elle observe. Un moment, ses deux prunelles n’en font qu’une. La limace rouge s’agite, et de sa langue pointue, activement, nettoie la place. Il semble qu’elle nage dans la joie.

— Te voilà gorgée, dit la bonne vieille. Allons, file maintenant ou je te chiquenaude.

Repue, onctueuse et glacée, la limace que l’air vif a rendue plus rouge encore, recule docilement, descend, descend, et rentre chez elle, au chaud, sous son palais, dans la bouche de la bonne vieille.