Page:Renard - Coquecigrues, 1893.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MADAME. — Oui, c’est un vrai temps d’invités. Il me réjouit. Je regrette seulement de ne l’avoir pas commandé moi-même. Ouvre donc la fenêtre toute grande.

MONSIEUR. — Jamais nous n’avons eu un mardi comme celui-ci. Ah ! tu choisis ton monde !

MADAME. — Bon ! nous allons nous jeter à la tête les gens qui viennent chez nous. Je suis prête. D’abord, où as-tu pris ton Turc ?

MONSIEUR. — Dans la rue. C’était le plus drôle : il ornait notre salon. Avons-nous ri, quand, au thé, il a déroulé son turban et qu’il s’en est servi comme d’une serviette. Peut-être aussi qu’il couche dedans.

MADAME. — J’ai tremblé de le voir se mettre à vendre des pastilles.

MONSIEUR. — Je t’assure qu’il est attaché à une ambassade, solidement. Continuons : n’est-ce pas à toi qu’appartient ce monsieur qui sentait le cigare éventré ?

MADAME. — Si tu parles tabac, je te rappellerai ton marchand de cigarettes toutes faites. C’est sans doute l’associé d’un garçon de