Page:Renard - Coquecigrues, 1893.djvu/294

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pas, moi aussi, de mourir le premier ? Aurais-tu seule du cœur et des sentiments ? Il est dur de voir mourir ceux qu’on chérit. Certainement.

CHLOÉ. — Sois franc : te remarierais-tu ?

DAPHNIS. — Non ; je chercherais une vieille gouvernante pour les enfants, et pour moi, plus tard, une maîtresse quelconque que je verrais de temps en temps. Un homme n’est jamais embarrassé.

CHLOÉ. — Tu es franc. Si ta maîtresse venait ici, ôterais-tu mon portrait ?

DAPHNIS. — Elle n’y viendrait pas. D’ailleurs, repose tranquille. J’ai le respect du passé. Je garderais ce que tu aimes, avec soin, dans une armoire : tes chemises fines, ta dernière robe, ton boa, et ta fille devenue grande n’y toucherait que tout émue. Il est inutile que tu emportes au tombeau tes bagues et tes bijoux de prix. Elle les retrouvera. Si je voyais la paire de fins souliers où j’appris à marcher, je m’attendrirais. Où est-elle ?

CHLOÉ. — Tu plaisantes ; changeons de conversation.