Page:Renard - Coquecigrues, 1893.djvu/72

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exposé, l’autre sa maison située sur une hauteur et jamais humide. Ils s’accordent bien. Tant mieux. Pourvu que ça dure !

Mais c’est à la fraîcheur, quand ils se promènent sur la Marne, que les ménages Navot et Bornet souhaitent le plus de s’entendre toujours. Les deux bateaux de même forme et de couleur verte glissent bord à bord. M. Navot et M. Bornet caressent l’eau comme de leurs mains prolongées. Parfois ils s’excitent jusqu’à la première perle de sueur, sans jalousie, si fraternels qu’ils ne peuvent se battre l’un l’autre et qu’ils rament « pareil ». L’une des dames renifle discrètement et dit :

— Il fait délicieux !

— Oui, répond l’autre, il fait délicieux.

Or, ce soir, comme les Bornet vont rejoindre les Navot pour la promenade accoutumée, Mme Bornet fixe un point de la Marne et dit :

— Par exemple !

M. Bornet qui ferme la porte à clef se retourne :

— Quoi donc ?