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Page:Renard - Fantômes et fantoches, 1905.djvu/261

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les vacances de m. dupont

dans un délassement salubre et coûtant peu d’efforts. Travailler pour vivre m’a dégoûté du travail. Seul au monde, je n’ai donc pas eu besoin de refaire mes classes pour diriger celles de mes enfants et composer des devoirs à leur place… Je suis un vieux cancre, Gambertin…

— Tant mieux, pas d’idées préconçues, c’est parfait. Vous n’êtes pas un cancre, Dupont, vous êtes une table rase…

Et, enveloppant d’un geste la plaine :

— Il fut un temps, dit-il, où ce pays était le fond de l’océan primitif, quand le Plateau Central en émergeait comme une île de schiste.

Puis, lentement, l’eau s’est retirée, laissant des marécages ; ceux-là séchèrent, et depuis, nulle modification radicale n’a changé cette plaine. Les lents dépôts de la vie s’y accumulèrent seulement.

Retournez-vous.

La rive de l’océan — presque universel encore — suivait le bord des bois actuels, non du côté des Ormes, mais au pied de la montagne.

— Elle est bien triste, dis-je, avec sa mine de montagne lunaire.

— Elle fut resplendissante, elle a jeté des feux éblouissants : c’est un volcan éteint. Il a dû surgir vers l’époque où la plaine était marécage. Il a surgi au milieu d’un sol de schiste déjà très antique,