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Page:Renard - Fantômes et fantoches, 1905.djvu/287

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les vacances de m. dupont

anormales. On n’y trouvait pas la sécurité nécessaire aux bonnes digestions et je les eusse volontiers quittés. La courtoisie seule me retint.

— Soit, dis-je, nous épierons les criquets.

— Pauvres feuilles, poursuivit Gambertin, pauvres feuilles sans défense…

— Vous ne voudriez pas, dis-je en m’efforçant de rire, qu’elles fussent armées de pied en cap ?

— Il en est de telles, mon ami, elles se hérissent de griffes et, quand un insecte folâtre vient s’y poser, les griffes l’étreignent et la feuille le mange.

— Non ?

— Là encore subsiste un essai de la nature, un modèle qu’après expérience elle n’a point jugé bon de généraliser.

— Quoi, une plante carnivore ?

— Rappelez-vous, Dupont, que les êtres organisés proviennent d’une seule matière maternelle dont nous descendons tous, vous comme un oiseau, vous comme ce brin de mousse ; vous êtes aujourd’hui, eux et vous, séparés par des différences colossales mais commensurables, et vos ascendants respectifs, à condition d’être contemporains, se différenciaient d’autant moins entre eux qu’ils étaient plus près de l’ancêtre originel…

— La gelée, la confiture, fis-je dégoûté…