Page:Renard - Histoires naturelles, 1909.djvu/63

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Philippe ne me parle plus. Il a fait l’impossible, et il attend que je renonce.

Oh ! cet œil noir, rond et gros comme une petite prune, cet œil de lièvre terrorisé, où est-il ?

Ah ! je le vois !

À mon coup de fusil, le lièvre bondit hors du gîte, la tête fracassée. Et c’est bien le lièvre que je voyais. Je l’avais vu presque tout de suite, j’ai de bons yeux. J’étais trompé par la pose du lièvre. Je le croyais en boule, comme un jeune chien, et je cherchais l’œil dans la boule. Mais le lièvre se gîte allongé, les pattes de devant jointes et les oreilles rabattues. Il ne fait un trou que pour placer son derrière, être le plus possible à ras de l’éteule. Le derrière est ici et l’œil là, très loin. De là ma courte hésitation.

— C’est lâche de tuer un lièvre au gîte, dis-je à Philippe. Nous aurions dû lui jeter une pierre, le faire sauver et le tirer tous deux à la course. Il ne pouvait pas nous échapper.

— Ce sera pour une autre fois, dit Philippe.

— C’est bien de me l’avoir montré, Philippe, il n’y a pas beaucoup de chasseurs comme vous.

— Je ne le ferais pas pour tout le monde, dit Philippe.


LE LÉZARD

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Fils spontané de la pierre fendue où je m’appuie, il me grimpe sur l’épaule. Il a cru que je continuais le mur parce que je reste immobile et que j’ai un paletot couleur de muraille. Ça flatte tout de même.

Le Mur. — Je ne sais quel frisson me passe sur le dos.

Le Lézard. — C’est moi.




LE LÉZARD VERT

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Prenez garde à la peinture !


LA COULEUVRE

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De quel ventre est-elle tombée, cette colique ?




LA BELETTE

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Pauvre, mais propre, distinguée, elle passe et repasse, par petits bonds, sur la route, et va, d’un fossé à l’autre, donner, de trou en trou, ses leçons au cachet.