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Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/112

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Mais qu’est-ce qu’elle fait donc, qu’elle ne vient pas ?

Si j’allais la chercher !

Quoi de plus simple ? Ayant passé mon pantalon, j’irai frapper trois petits coups à sa porte. Le verrou n’est pas mis. J’entrerai dans l’obscurité et je ferai réchauffer mes pieds glacés.

C’est généralement ainsi que les choses s’arrangent, ou mes lectures m’ont bien trompé. Neuf fois sur dix ça réussit. À la dixième, on ne meurt pas. Je me sens lâche. J’ai peur des gifles, d’une lutte corps-à-corps, des cris qui réveilleraient les pêcheurs Cruz. J’ai peur encore du ridicule, d’un rire méprisant, d’un crachat à la face, et je me vois collé au mur, stupide, débraillé, ma culotte tombante et mes pieds nus, avec leurs doigts déformés par les marches de régiment, avec leurs cors. Je m’imagine stupide de honte et les cheveux pleureurs, dans le flamboiement d’une allumette.

Sûrement elle résisterait, et je ne sais pas du tout comment on s’y prend pour violer une femme. Quelqu’un m’a dit qu’il fallait frapper