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Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/123

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Mais il ne s’agit que de l’emprunter.

Le menton au creux de sa main, elle m’attend. Bien que je l’aime de tout mon cœur, je trouve son attitude disgracieuse. Elle s’est ramassée en grenouille de jeu de tonneau, et son buste, ses reins, informe masse d’ombre, occupent trop de place. Sa tête se détache de profil, pâlotte de froid, silhouette à la craie sur un fond de charbon. Mon regard glisse sur le front, tombe dans le noir de l’œil, se relève à la pointe du nez, ou passe entre les lèvres ouvertes comme en un cran de mire. Me dandinant, je lui mesure des reflets de lune, comme on dispose les rideaux d’une chambre de malade.

Le silence nous importune plus qu’un bavard.

HENRI

Est-ce que vous dormez, chère Madame ? Est-ce l’odeur du thym marin qui vous entête, ou, sphynx de faïence pour cheminée, rêvassez-vous ?

MADAME VERNET

Quand serez-vous poli ? Il est temps que mon mari revienne me défendre.