moins discret. Mais je n’ai pas l’habitude de me jeter à la tête des gens.
Je ne le fais que par exception.
Tantôt, obstinément silencieux, j’affecte de ne rien entendre ; tantôt je coupe net une confidence, en toussant.
Si Monsieur Vernet me demande :
— « Vous avez sans doute quelque emploi ? »
je réponds :
— « C’est peu de chose : j’élève trois petits lapins. »
Monsieur Vernet feint de comprendre, « puisqu’il aime tout ce qui est original ».
— « Et vos petits lapins vont bien ? »
— « Ils sont charmants et forment un triple étage. L’aîné a la tête de plus que le cadet, le cadet la tête de plus que le troisième. On me les prête tous les matins. »
— « Je vois : vous êtes professeur libre. »
— « Oh ! tout à fait libre. Les pauvres petits et moi, nous nous sommes bien ennuyés ensemble. Mais il faut aider ma famille à me faire vivre. Voilà qu’ils sont à point pour entrer au lycée. Quel dommage ! j’avais comme vous deux mois de congé, et, en outre, toutes mes soirées