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Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/130

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MADAME VERNET

Vos insolences, l’étalage de vos sentiments vrais ou faux, votre manque de tact, et l’habileté avec laquelle vous abusez de ma situation, me font en effet comprendre que votre présence ici sera impossible, et je devrai renoncer à une bonne amitié que je croyais réciproque.

HENRI

Ta ! ta ! Si, le gilet vaguement ouvert, je vous disais : « Madame, lisez dans mon cœur : il ne s’y passe rien que de pur ; ce que j’aime en vous, c’est la grandeur de votre intelligence, l’élévation de vos rêves et la hauteur de vos pensées », vous me prendriez pour un architecte ; et, si j’ajoutais : « Oui, enfermez hermétiquement votre corps dans une boîte en fer, cachetez vos lèvres, mettez votre chair sous clé ; c’est de la matière, et je ne veux de vous que l’esprit », vous me traiteriez de béjaune, en murmurant : « Je ne suis pourtant pas si déjetée ! » Et vous auriez raison, car vous êtes une admirable femme, et je veux tout ou rien.