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Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/181

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Il devait passer, tandis que nous converserions. Et voilà que je me trouvais devant lui. Il était là, matériel, en chair vivante et palpable, m’épouvantant.

Il me disait :

— « Il est temps ! Il est temps d’empoigner cette femme, de la serrer sur ton cœur, de la vider pour la rejeter ensuite. Il est temps de tromper Monsieur Vernet. Peut-être en mourra-t-il. Mais il est temps de t’installer à sa place, de lui voler sa femme en mangeant sa soupe. Il est temps d’être misérable pour de bon, car c’est fini de rire.

« En outre, prépare-toi à tout, car ce brave homme de mari peut, au lieu de larmoyer, prendre un revolver et te casser la tête. Cela arrive. Assez rêvassé. Vis ! Fais vite ! »

Madame Vernet s’impatiente ; elle me serre le bras fortement.

— « C’est un supplice ! Parlez donc. Vous me faites souffrir ! »

Je me décide à répondre, avec un sourire niais :

— « C’est donc vrai ! Tu m’aimes donc ? »

Mais elle, qui se serait donnée si je l’avais