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Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/198

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faire le chien couchant : dès qu’elle s’approche, la baigneuse s’enfuit, plaintivement gloussante, vers son rocher.

C’est ainsi que se baignent presque toutes ces dames. Galamment, le maire avait fait planter deux poteaux, tendre des cordes « pour faciliter leurs ébats natatoires », disait-il. Elles eurent peur, non de l’eau, mais de ces cordes, qui se tordaient comme des serpents dans leurs jambes. En outre, elles prétendaient qu’on apprend mieux à nager sur le bord. La mer, en colère, a roulé les cordes, arraché les poteaux, emporté le tout.

Ces dames adorent les rondes entre elles, se tiennent par la main. Elles tournent, fouettées d’éclaboussures, frénétiques avec des rires de sauvagesses qui vont faire un bon repas, manger le missionnaire garrotté et cuisant à petit feu.

De temps en temps un baigneur aimable les avertit.

— « Doucement, Mesdames. Pas par là : vous vous trompez. La mer est de ce côté. »

UNE BAIGNEUSE

Tous les jours c’est la même chose. Qu’il