— « Je vous crois, dis-je, et j’attendrai avec confiance ; mais au moins donne-moi tes lèvres. »
— « Tiens, tiens vite ! » dit-elle, aux écoutes.
C’est une religieuse qui embrasse son cousin, à travers une grille, dans un parloir.
Toujours prudente, elle a entr’ouvert la porte. Je ne me presse pas, et je prends, j’aspire, ma poitrine dans la sienne, ce qu’elle m’abandonne de souffle humide.
— « C’est ça, c’est ça que tu veux ? »
— « Tais-toi ! » lui dis-je, les dents serrées.
Nos lèvres se remêlent dans un baiser qui n’en finit plus, douloureux à force d’être long, amer parce qu’après il n’y aura rien, un baiser qui nous laisse trop le temps de penser à autre chose.
Enfin le pas de Monsieur Vernet nous dérange : en hâte nous nous efforçons à l’insignifiance.