Page:Renard - L’Écornifleur, Ollendorff, 1892.djvu/52

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chemise n’est point empesée, les plastrons raides m’étant insupportables. L’élastique de mon calepin montre ses vermisseaux de caoutchouc. Mais il est plein de poésie jusqu’aux tranches. Il en a dans ses poches. On en trouverait au dos d’une note de blanchisseuse. En train, lancé, n’écrirais-je pas sur une tête chauve ?

Je dispose mes papiers sur la table, au choix, après avoir écarté les assiettes et essuyé avec ma serviette des taches de sauce.

— « Qu’est-ce que vous voulez ? du gai, du triste ? »

— « Du gai, du gai ! » dit vivement Monsieur Vernet. Mais Madame Vernet le reprend, délicate :

— « J’espère que Monsieur Henri nous donnera des deux, et plusieurs fois de chaque. »

— « Mais par quoi commencer ? »

— « Ah ! cela, c’est votre affaire. »

— « Je suivrai donc l’ordre en usage au Théâtre-Français. Quand on donne deux ou trois pièces, on termine par la plus joyeuse. L’esprit se débarbouille des tristesses du drame dans l’eau vive de la comédie. Mais je vous préviens que si je récite relativement assez bien