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Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/113

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LENDEMAIN DE FÊTE


libres ne saluent guère qu’en dehors du village) ou qu’ayant besoin de tout le monde, on ne puisse pas " se montrer ", il faut tôt ou tard, revenir au salut, par gratitude renouvelée, et même sans raison, ne serait-ce que pour étonner M. le maire, qui se croyait déjà méprisé par le genre humain.

Une quarantaine assistent au banquet du 14. Ce sont presque toujours les mêmes, les fidèles. On perd sa peine à vouloir attirer les autres. C’est que, sur ce point, les femmes, qui régnent dans le ménage, ne cèdent pas ; elles sont ingénieuses, rusées, pour empêcher leurs maris d’être des nôtres. Pourquoi iraient-ils où elles ne peuvent pas aller ? On arrache le porte-plume de la main qui signait déjà la liste des inscrits, on ne prépare pas une chemise, on égare une paire de souliers. Et elles jettent le grand mot à la face du mari :

— Tu oserais manger avec des francs-maçons !

Nous sommes tous des francs-maçons. Et parmi nous on n’en trouverait pas un seul. Aucun des quarante convives ne se doute de ce que c’est, et le franc-maçon, s’il existe, se cache bien.

Mais l’injure est bonne. Elle servira jusqu’à leur mort, à ces dames. De sorte que le mari, qui est parfois conseiller municipal, a bien le courage de voter au budget un modeste crédit pour la