Aller au contenu

Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
LETTRES À L’AMIE


sieur que vous ne connaissez pas nous salue, aussitôt vous me demandez :

— Qui est-ce ? Qui est-ce ?

Et si tous les hommes nous saluaient, vous voudriez savoir le nom de tous les hommes. Vous n’en méprisez aucun.

Qu’est-ce que ça peut vous faire, ce monsieur ? S’il pense, lui : Je voudrais être quelque chose dans la vie de cette femme-là, c’est que votre beauté l’impressionne. Mais vous, mon amie, qu’avez-vous besoin de retenir un nom de plus, un nom de vague monsieur qui passe.

Je ne vous dis pas de le mépriser, mais de l’ignorer.

Je ne suis pas jaloux.


IV


Je viens de faire une remarque. Dites-moi par retour du courrier si elle est juste.

En amitié, on progresse. En amour, on déchoit. Je suis sûr que mes amis d’autrefois ne valaient pas ceux d’aujourd’hui. Ils étaient plus vulgaires, moins intelligents, moins chics, moins riches peut-être. Ils manquaient de tact. Ils connaissaient mal