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Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/164

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L’ŒIL CLAIR

— Pour être enfin heureux.

— C’est la même chose ; non, pas de repos ! Il faut faire rendre à de nouvelles œuvres encore beaucoup d’argent.

— Combien ?

— Le plus possible.

— Où est la limite ?

— Il n’y a pas de limite à la force. Q ’est-ce qu’un homme de lettres qui ne roulerait pas les directeurs, les critiques, les confrères et les financiers ?

— Si on se contente du nécessaire ?

— Le superflu est nécessaire.

— Un chef-d’œuvre, abandonné à lui-même, ne saurait-il produire assez d’argent ?

— Vous êtes fou ! Et la réclame ! L’a-t-on inventée pour les chiens ?

— Il faut s’occuper de ça aussi ?

— Surtout de ça. Tapons sur la tête du public, abrutissons-le.

— Ne vaudrait-il pas mieux reconnaître, de temps en temps, que la pièce est médiocre ou le livre mauvais ?

— A quoi bon cette faiblesse ?

— Ça délasserait.

— Voulez-vous être académicien, oui ou non ?