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Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/168

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L’ŒIL CLAIR

— Comment le saurait-il ?

— Par expérience de public trompé.

— La marchandise est pourtant bonne !

— En principe, elle doit l’être ; vendez-la moins cher.

— J’ai essayé !

— Mal, timidement, de mauvaise grâce et sans insister.

— Le public n’aime pas la littérature.

— Au contraire, il l’aime trop, il les aime toutes. Voyez les journaux d’information à fort tirage, aucun ne se passe de contes.

— Le public lit un journal, une revue, un livre prêté ou de cabinet de lecture, un livre volé, plutôt qu’un livre acheté !

Il achèterait le livre pas cher, que vous mettriez à sa portée, presque comme une revue ou un journal. Les revues ont peur.

— Ce public de livre n’existe pas.

— Il faut le trouver.

— Comment ?

— C’est un truc : cherchez le public !

— Où est-il ?

— C’est un secret. Ah ! dame ! l’éditeur doit faire un léger effort. Allez partout, à la petite ville, à la campagne. Il y a là des lecteurs que vous ne