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LETTRES À L’AMIE


rose du dernier effort qu’elle fait pour rester pendue à sa branche de salut.


VIII


Tandis que hier, au théâtre, à côté de moi, vous frissonniez de peur, aspirée par la scène, mais cramponnée à votre fauteuil, j’imaginais un petit acte très simple qui vous ferait encore plus peur. Le voici :

Un homme misérable, soucieux, va et vient d’un mur à l’autre d’une chambre mal meublée. A quoi pense, de quoi souffre cet homme ? Il ne le dit pas.

Soudain ses yeux tombent sur un fusil qu’il décroche.

— Ah ! Ah ! Mais il prend une carnassière qui était à côté du fusil et se la passe au cou.

Il va donc chasser simplement.

Dans un tiroir il trouve deux cartouches. Ce sont ses dernières, et il charge le fusil.

Il ouvre la fenêtre et il épaule.

Ce geste vous est désagréable, mais comme il ne s’agit peut-être que de tuer quelque pigeon sur