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Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/56

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L’ŒIL CLAIR

— Comment ?

PHILIPPE. — Elle veut dire que c’était gelé sur les routes.

— A l’heure qu’il est, huit heures, si je n’étais pas là, vous seriez déjà couchés.

RAGOTTE. — Oh ! non. Nous veillons, des fois, iusqu’à neuf heures.

— Qu’est-ce que vous faites ?

RAGOTTE. — Je reprise les chaussettes de Philippe ou de Paul ; on use plus d’aiguilles à la lampe qu’en plein jour, parce qu’on voit moins clair ; le bec de l’aiguille casse, et l’aiguille broute.

PHILIPPE. — Elle érafle. Moi, je dors sur ma chaise, ou je lis. J’ai lu votre livre.

— Vous l’avez donc acheté ?

PHILIPPE. — Oui. Je passais devant la porte de Mulot et je le vois avec votre livre à la main. Il venait de Tacheter à la gare. Il me dit : C’est moi qui l’ai eu le premier. Je lui demande : Combien qu’il coûte ? — Vingt-sept sous. — Je lui dis : Tiens, voilà tes vingt-sept sous, — et je mets le livre dans ma poche, sans donner plus d’explications.

— Vous l’avez tout lu ?

PHILIPPE. — Presque.

— Eh bien ?