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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/143

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RADIOGRAPHIE
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l’ai jamais trouvée plus délicieuse qu’à présent…

Il poursuivit avec gravité, comme dans un rêve :

— Depuis quelque temps, oui, c’est pour moi une vraie fête que la vie.

— Eh bien, alors ? questionnai-je en surveillant ma voix et mes nerfs.

Il posa sa main sur mon bras :

— C’est que, ce bonheur-là, je n’y ai pas droit, voyez-vous. Je n’ai pas le droit, moi, d’arrêter les vivants dans leur vie, de les retarder dans leur voyage vers le Bonheur. Je m’accorde en ce moment un luxe inouï, — on me pardonnera, je l’espère, — mais il ne faut pas que cela dure trop longtemps… Laissez-moi m’en aller à mon heure naturelle, Bare. La dépasser serait de ma part une… indélicatesse, un abus ; je dirais presque : un crime…

— Je ne vous comprends pas, dis-je d’un ton rauque. Je ne connais personne qui ne désire fermement votre guérison ; et moi je vous supplie, au nom de tous ceux qui vous sont chers, de vous laisser radiographier !