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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/197

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HANTÉ
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la grande porte, que des serviteurs costumés en reîtres et fort égayés de la mascarade. Quatre mercenaires suisses, armés de pertuisanes, se tenaient sur les marches qui descendaient du vestibule dans la salle. De ce point, on dominait le spacieux vaisseau comme une vision du passé. Les torches y répandaient un crépuscule rougeâtre qui laissait les voûtes dans l’obscurité. L’échafaud des ménétriers se remplissait de pourpoints multicolores. On avait rangé les armures côte à côte le long des murs, à l’exception de celle du roi. Spectatrices séculaires, elles attendaient les événements, comme des meubles et comme des fantômes.

J’allais m’avancer, quand la porte basse du cabinet livra passage à une apparition d’un caractère si frappant que je murmurai : « Charles-Quint ! » avant de songer : « M. de Castièvre. »

Par quelle secrète intuition le duc avait-il choisi le sévère appareil de l’Empereur ? Savait-il combien sa prestance s’accommodait du sombre velours espagnol ? Comprenait-il dans toute son étendue l’affreux