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Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/218

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LA RUMEUR

couleurs en sautoir, le chevalet pliant sous le bras, il gravissait les hauts sentiers vers le site repéré et la tâche à finir. Le paysagiste marchait lentement. L’aube répandait sa lueur progressive. Les splendeurs environnantes reparaissaient dans l’insensible crescendo de la clarté. Florent Max, courbé, regardait ses brodequins se poser parmi les pierres.

Il allait sans joie aucune, par nécessité, par habitude. L’Art ? La Beauté ? La Nature ? Balançoires !… Il avait quarante-cinq ans ; voilà ce qui l’écrasait. Vieux ! croyait-il. Vieux ! Il l’était devenu comme ça, tout d’un coup. Une jolie fille, sur un mot galant, lui avait jeté son âge dans un regard du haut en bas. Et tout d’un coup, comme si ce regard eût été maléfique, il s’était senti coiffé de poivre et sel, masqué de rides, bardé de graisse, pénétré jusqu’aux os d’ankylose et de glace, — tel, en un mot, qu’en vérité.

Lui, lui, vieux ? Mais il n’avait encore rien fait, aimé personne, réussi nulle part !

Tout à l’horreur de sa récente découverte, il en considérait obscurément les diverses