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Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/116

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sais quoi. Arrange-toi. Trouve quelque chose. Il me semble qu’à ta place je ne serais pas embarrassée. J’ai été gentille. Sois mignon.

— J’ai ton affaire, dit Marcel.

Sans hésiter, il prit le manuscrit en train, et, remuant la jambe, se tapotant la joue avec une règle, se mit à lire, à haute voix, le chapitre fameux dont il pouvait dire : « Celui-là, mon vieux, j’en réponds ! »

Et c’était toujours ainsi. Les humiliations ne l’assagissaient pas. À peine avait-il répété : « Suis-je bête ! suis-je bête ! » qu’il recommençait de mendier, l’incorrigible, jusqu’à rougir, un peu d’admiration de femme.

Sa voix, éclatante dès le lancer des phrases, bientôt mollit, et, comme de coutume, au passage admirable où le mot serre l’idée si fort qu’elle étouffe, il s’arrêta, défiant, craintif, et regarda :

La jupe serrée aux chevilles, les genoux collés, les coudes au corps, les mains perdues dans les manches, Bonne-Amie avait voûté sa taille, plissé son front, rentré ses yeux et cousu sa bouche, car elle ne dit même pas : « J’avoue que mon opinion personnelle n’a qu’une importance secondaire. »

Vraiment, elle n’avait oublié que de poser sur la cheminée, à droite et à gauche de la pendule, ses deux inutiles coquillages, ses oreilles sourdes.

Tout entière, Bonne-Amie s’était fermée.

Et Marcel déjà se dépitait ; mais soudain il s’attendrit :

Dans le pot bleu et ventru, la rose s’était ouverte.

Quel émerveillement !

L’émotion oscillante, folle, Marcel reluisait de