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Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/31

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LA BOMBE PRÉSERVATRICE

I

— Et moi aussi, je suis propriétaire, se dit M. Navot, et j’ai un magistrat dans ma maison, au premier, porte à gauche, tandis que j’habite au cinquième !

M. Navot se prend la tête à pleines mains. Autour de lui s’amoncellent les journaux de la semaine. Il ferme les yeux, et, sous son crâne, de minuscules immeubles, parmi lesquels il distingue le sien, sautent, pétillent, comme les gouttes d’une poêle à frire. Des pompiers accourent. Ils ont tous la jambe gauche en l’air. Ils ne trouvent que des pincées de cendres qui tiendraient au creux d’une pipe.

Longtemps M. Navot demeure caché derrière ses mains.

II

Enfin il relève le front :

— Raisonnons : quand une maison a sauté, elle ne saute plus ; les anarchistes la laissent tranquille. Si donc je faisais sauter la mienne, un petit peu, un