D’ÉLOI À MARTEL SUR L’AMITIÉ
Mon ami, soyons raisonnables. Hier, vous me plaisiez, je vous plaisais et nous tirions profit également l’un de l’autre, sans compter les petits cadeaux : vous en receviez cinq, moi six ; nous ne nous devions rien.
Que dure l’amitié ? peu importe. Toute la vie ? Ah ! non, c’est bon pour l’amour.
Trop chaude, elle tourne vite : Déjà nous ne savons plus quoi nous offrir. J’ai vu le fond de votre esprit et vous connaissez par cœur mon cœur. Quand votre main habituelle se pose sur ma main, je ne la sens plus.
Ne dites point, haussant la voix, levant les bras : « Quel misérable ! je ne le croyais pas comme ça ! »
Ingrat ! du calme ! Nous sommes au bout de la route commune. Voici votre chemin : là-bas, un ami frais vous attend.
Moi, je vais de ce côté, droit à l’étranger sympathique qui me fait signe. J’ai besoin d’être flatté encore et de flatter sans contrainte. Vous aussi, je vous assure.