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Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/329

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ÉLOI AU THÉÂTRE


Cette pièce, qui n’a pas eu de succès, me charme. Dans la salle, presque personne. Nous aurions l’air d’être entre intimes, si tous ces fauteuils vides ne nous séparaient. C’est une pièce que j’aime entendre, accoudé sur le bras du fauteuil voisin. Je passe une bonne soirée de rêverie, et par discrétion je ne veux pas dire à quelle pièce, puisqu’elle n’a point de succès.


Voilà une autre pièce, excellente. L’auteur est un bon ouvrier. Il a bien choisi son sujet qu’il traite avec adresse et abondance. Il y a mis de tout, de l’intérêt, de l’action, de l’émotion, de la passion, de l’esprit de théâtre, une espèce de gros talent que je ne peux pas nier. D’ailleurs ça marche, c’est un succès ; le public viendra. J’étais moi-même favorablement disposé : je ne connais pas l’auteur, je ne suis pas jaloux, et pourtant voilà une pièce qui ne m’a fait aucun plaisir.

Que lui manque-t-il ?

Je chercherais si, dehors, je pouvais penser un quart d’heure à cette excellente pièce.