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Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/332

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Chaque dimanche, à deux heures, au jardin d’acclimatation, grande matinée populaire par toute la troupe des singes.


« Irrévocablement. « Tout petit, j’étais plein de respect pour ce magnifique adverbe. J’ai appris, au théâtre, à le mépriser.


Le public n’écoute pas une tirade, mais il a le sens de sa durée, et c’est presque toujours juste à la fin que ses applaudissements partent. Le bon acteur sait l’avertir par un geste, un éclat de voix ou quelques syllabes moribondes. Il faut qu’il ait besoin de souffler au moment précis où nos mains prennent leur essor. Avec un peu de complaisance réciproque, le coup ne peut pas ne pas réussir.


Un auteur qui débute voudrait finir son petit acte par un mot à effet, mais par quel mot ?

— Mettez m… ! lui conseille le directeur, ça relève une pièce.


Oh ! oh ! voilà une scène originale, quoique moderne : on n’y téléphone pas.


Le public rit mal ce soir. Il essaie de rire parce qu’il est là pour rire, mais il use son rire comme une boîte d’allumettes dont pas une ne prend.


Bien qu’il s’en défende et qu’il se croie un cuisinier, l’auteur dramatique est un homme de lettres.