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LE JUSTE BIEN ATTRAPÉ

I

Aristide peut dire, sans orgueil, que sa vie fut celle d’un honnête homme. Il se regarde mourir avec calme. Ou plutôt, il ne meurt pas. Il s’endort du sommeil du juste, et ne se réveillera qu’au Paradis, à la droite du bon Dieu.

II

Aristide lève sa tête pesante. Rien ne l’éblouit. Les choses autour de lui sont tristes. Des figures maussades, qu’exaspère l’impatience, observent une porte fermée, et il devine, à sa grande surprise, que le bon Dieu le met d’abord en purgatoire.

III

Aristide croyait pourtant l’avoir fait sur terre. C’est une petite déception. Il doit, suivant l’usage, expier ici quelque peccadille oubliée. Ce ne sera pas long. Déjà les fentes de la porte s’illuminent. Bientôt