Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/61

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Une jeune femme, timide et craignant d’être exaucée, demanda :

— Oh ! faites-nous-le, hein ?

Les hommes désiraient voir avant de croire, inquiets toutefois. M. Bornet hocha la tête.

— Ça ne se fait pas comme ça ! dit-il. Il faut être en train et en costume ; je m’explique : sans costume !

Le mot refroidit les curiosités chaudes. Ces dames s’interdirent d’insister autrement que par des : « C’est dommage ! — Moi qui aurais été si heureuse ! » Mais elles protestèrent quand l’un de ces messieurs leur dit :

— Ne pourriez-vous pas vous retirer un instant ? Nous resterions entre hommes.

Cela non. Mieux valait essayer un arrangement.

— Voyons, monsieur Bornet, soyez gentil. Nous nous contenterons d’une esquisse. Ôtez votre paletot !

— Un orang en manches de chemise ! fit dédaigneusement M. Bornet. Vous vous moquez de moi, ma parole !

— Tenez, nous ne sommes pas bégueules. Madame Bornet, est-ce que votre mari porte de la flanelle ?

— Oui, mais très peu.

— Pas de chance ! comment faire ? Monsieur Bornet, vous n’êtes guère aimable. Une indication nous aurait suffi. Retroussez vos manches jusqu’au coude. Nous suppléerons le reste.

— Il veut qu’on le prie, dirent les hommes.

M. Bornet hésitait entre la crainte de ne pas jouer