Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/65

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Il leur restait à tous cette lâcheté qui calme les plus pressantes envies qu’on puisse avoir de changer de place.

— Alors vous êtes contents ? dit M. Bornet. Tant mieux. Moi aussi. Merci, merci.

Il reprit, modeste :

— Voyez-vous, l’important est de faire jouer le gaz à propos. J’avoue la petitesse du moyen, mais j’en garantis l’effet neuf fois sur dix.

Ses chaussettes qu’il avait gardées, sans doute à cause des mies de pain et des petits os que, pendant un dîner, on jette inévitablement par terre, retombaient sur ses chevilles.

Laid de sa propre laideur et de celle qu’il venait d’acquérir, il s’oubliait dans son triomphe, vengé de son premier échec. Ses cheveux rares, trempés, luisaient comme ceux qu’on trouve dans les soupes. Il reniflait et une buée de lessive ressortait à double jet de ses narines.

Le torse fumant, les mains collées sur son ventre pareil à un sac plein, quelque temps encore il écouta les compliments… avant d’aller remettre sa chemise.

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