Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/76

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Elle n’en revenait pas de le trouver là, tout contre, sans qu’elle l’eût soupçonné, monté du foin ou tombé des tuiles par enchantement. Il souriait d’un air embarrassé et mâchait un fétu. Avec la fourche il continuait de lui couvrir, comme d’un drap de foin, la poitrine, les jambes, tout le corps.

— C’est la poule, dit Françoise ; je suis tombée, mais je me relève, monsieur Émile.

Elle fit un effort vain.

— Allons, voilà que je ne peux plus, maintenant !

Elle recommença de rire de bon cœur, les bras tendus.

— Non, j’y resterai, bien sûr !

M. Émile jeta sa fourche en haut du « foineau » et prit les deux mains de Françoise. Elles étaient grasses, moites. Il se raidit, le corps en arrière, les genoux arcs-boutés, la souleva. Mais il dut lâcher tout. On était mal « parti » et Françoise retomba.

— À une autre ! dit-elle.

M. Émile reprit les deux mains. Longuement il en écartait les doigts pour y accrocher les siens, tentait un essai par les poignets, mais cela glissait trop, et il revenait aux doigts après un arrêt à la paume.

— Une, deux : y êtes-vous ?

Il y était, l’étreignait, l’étouffait, l’embrassait, et la baisait avec violence, très vite, sans un mot.

Du coin où M. Émile l’avait lancée, la fourche se précipita, ses trois dénis aiguës en avant, et le mordit. Il ne put retenir une plainte et, d’un revers de main, la rejeta plus haut encore.

Elle revint, mais hésitante, au moyen d’une glis-