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Page:Renard - La Lanterne sourde, Coquecigrues,1906.djvu/80

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Les araignées les sécrètent-elles pour y suspendre leur linge ?

Du linge d’araignées !

Mon imagination va bien aujourd’hui et me fait espérer d’importantes découvertes.

D’abord, je note qu’un poirier a quelques-unes de ses branches cassées.

Est-ce par un animal, une chèvre ?

Mais une chèvre bêle et ne crie pas.

En outre, elle aurait brouté les branches.

Par un voleur ?

Je sais le nombre des poires : vingt-huit. Aucune ne manque. Elles brillent de rosée. On les embrasserait comme des joues. Dans deux ou trois semaines elles seront bonnes à cueillir.

Je ramasse des brindilles parmi les fraisiers. Ce n’est pas une personne distraite qui les a brisées. Elles ont été mordues comme afin de calmer une douleur, une grosse rage de dents par exemple. Moi, je mangerais des feuilles !

À la quantité de brindilles mâchées je devine qu’on souffrait beaucoup et qu’on est demeuré longtemps près du poirier.

Un peu plus loin elle s’est appuyée contre un autre arbre, haut pommier dont les petites pommes grises apaisent, en été, mes plus fortes soifs.

J’ai dit elle parce que l’écorce a pincé entre deux écailles un long cheveu de femme blond. Je préférerais un cheveu noir ou châtain, et j’éprouve un commencement de trouble.

Au delà du pommier, la trace des pas devient visible. La marche s’appesantit. Le pied reste long-