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le docteur lerne, sous-dieu

» Sur ce, Karl et Wilhelm s’offrirent à tenter l’épreuve convaincante. Ce fut épique. Otto Klotz m’avait quitté, hum ! Mac-Bell n’était pas sûr : j’opérai seul avec le secours de Johann et de machines automatiques.

» Succès.

» Ah ! les braves gens !… Qui supposerait qu’on les a amputés de tout le corps ? Et cependant chacun, depuis ce jour, habite la maison charnelle de son ami. Regarde !

Il appela les aides, et, soulevant leurs cheveux, mit en lumière la cicatrice violacée. Les deux Allemands se sourirent, et je ne pus m’empêcher de les admirer. Lerne reprit :


— Ma fortune était donc faite, et, tout ensemble, j’assurais ma gloire, le bonheur d’Emma et son amour, qui est mon bien le plus inestimable, Nicolas !

» Mais, la découverte une fois certaine, il fallait l’appliquer.

» À la vérité, un point noir me chagrinait. Je veux parler de l’influence du moral sur le physique et vice versa. Au bout de quelques mois, mes opérés se modifiaient. Avais-je doué leur corps d’une mentalité plus fine que la première, celle-ci ruinait celui-là, et j’ai vu, entre autres, des porcs au cerveau de chien devenir souffreteux, décharnés, et mourir très rapidement. Au contraire, les intellects plus épais que leurs prédéces-