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Page:Renard - Le Docteur Lerne sous-dieu, 1908.djvu/25

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le docteur lerne, sous-dieu

cheval Biribi, nous attendait, ma mère et moi. On nous y ramenait pour la rentrée… Salut, salut, Grey-l’Abbaye ! Fonval n’est plus qu’à trois kilomètres. J’irais sans yeux ! En voici le chemin, direct, ce même chemin qui bientôt s’enfoncera sous bois et prendra le nom d’avenue…

Il fait presque nuit. Un paysan me vocifère… des insultes probablement. J’ai l’habitude. Ma sirène lui répond de son cri menaçant et douloureux.

La forêt ! Ah ! son arome puissant ! le parfum des congés d’antan ! Leur souvenance peut-elle sentir autre chose que la forêt ?… C’est exquis… Je voudrais prolonger cette fête de mes narines…

Ralenti, l’automobile s’avance doucement. Son bruit devient un murmure. À droite et à gauche, les murailles du large couloir commencent à s’élever. S’il faisait plus clair, j’apercevrais déjà Fonval au bout de l’avenue rectiligne. Holà ! qu’est-ce à dire ?…

J’avais failli culbuter : contre mon attente le chemin tournait.

Je ralentis encore.

Un peu plus loin, nouveau coude, puis un autre…

J’arrêtai.

Les étoiles perlaient une à une, comme, goutte à goutte, une rosée lumineuse. La nuit de printemps me permit de voir au-dessus de moi les crêtes escarpées, et la direction de leur pente m’étonna. Je voulus revenir en arrière et découvris une bifurcation que je n’avais pas