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le docteur lerne, sous-dieu

Il avait dit cela d’un ton si effrayé, que j’essayai de l’intimidation :

— Et je vous dénoncerai, mon oncle, vous et vos acolytes et vos mystères !

— Tu es fou ! tu es fou ! Veux-tu bien te taire ! En voilà une imagination !…

Lerne se mit à rire aux éclats, mais, je ne sais pourquoi, ses yeux me firent peur et je déplorai ma phrase. — Il reprit :

— Voyons, Nicolas, ne te monte pas la tête. Tu es un bon garçon. Donne-moi la main. Tu trouveras toujours en moi ton vieil oncle qui t’aime. Écoute, ce n’est pas vrai, non, je ne suis pas ruiné, et mon héritier recueillera sûrement quelque chose… s’il agit selon mes vœux. Mais… justement, il me semble qu’il ferait mieux de ne pas séjourner ici… Rien n’y peut divertir un homme de ton âge, Nicolas ; moi-même je suis occupé toute la journée…

Le professeur pouvait parler, maintenant. L’hypocrisie perçait sous chacun de ses mots, il n’était plus qu’un Tartuffe indigne de ménagements et bon à duper : je ne m’en irais pas avant la complète satisfaction de ma curiosité. Aussi l’interrompant :

— Voilà, dis-je comme un homme accablé, voilà que vous jouez encore de la succession pour me déterminer à quitter Fonval. Vous n’avez plus confiance, décidément.

D’un geste, il s’en défendit. Je poursuivis :