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iv

CHAUD ET FROID


Qui dort dîne. Mon sommeil dura jusqu’au lendemain matin.

Pourtant je n’ai jamais reposé si mal. Les trépidations d’une journée d’automobile vinrent hanter mes reins, et longtemps j’y ressentis les contre-coups de cahots-revenants et la torsion de virages-spectres. Puis je fus visité par des songes où vécut un monde prodigieux : Brocéliande, forêt shakespearienne, s’était mise à marcher ; parmi la foule de ses arbres, la plupart cheminaient enlacés, deux à deux ; un bouleau qui avait l’air d’une lance me fit un discours en allemand, et je pouvais à peine l’entendre, car beaucoup de fleurs chantaient, des plantes jappaient avec insistance, et les grands arbres, de temps en temps, hurlaient.

À mon réveil, je me souvins de ce hourvari aussi