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Page:Renard - Le Maitre de la Lumiere, 1948.djvu/127

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le maître de la lumière

découragement, le spleen, une sorte de colère stupide contre cette magnificence qu’il avait trouvée et qui était inutile puisqu’elle n’apportait rien de nouveau à l’affaire Ortofieri.

On le voit : son amour avait beaucoup demandé aux événements. Et il paraissait bien, à cette heure crépusculaire, que les événements eussent dit tout ce qu’ils savaient.

Passablement taciturne, répondant par monosyllabes aux humbles et respectueuses questions de Péronne qui le servait, Charles dîna rapidement et gagna sa chambre.

Un grand feu véhément pétillait dans l’âtre et peignait des reflets vacillants par toute la pièce.

Il alluma deux grosses lampes et, faute de sommeil, passa la revue des meubles et des tableaux qui garnissaient le lieu. Beaucoup de vieilleries, beaucoup de souvenirs. Certaines choses l’attiraient particulièrement qui, jusque-là ne l’avaient que médiocrement intéressé.

On trouvait là une partie du mobilier que César avait acheté à Paris, pour meubler son appartement du boulevard du Temple, une partie aussi des objets qu’il y avait mis, provenant de Silaz. À sa mort, son héritage s’était partagé entre les deux branches de sa postérité. Aujourd’hui, la moitié de ce qu’il en restait appartenait à la cousine Drouet, née Leboulard ; l’autre moitié était la possession de Charles et de Colomba ; mais, d’accord avec son mari, leur mère avait depuis longtemps renvoyé à Silaz une assez grande quantité de ces meubles qui, disait-elle, encombreraient son logis et seraient bien mieux à leur place dans le château que César avait habité pendant treize ans.

À cet envoi, Mme Christiani avait joint toutes sortes de choses qui lui semblaient indésirables à Paris et, notamment, un petit tableau assez macabre, de grande valeur pourtant, mais qui, en effet, n’était pas bon à suspendre au mur d’une maison que l’on désire joyeuse et où il y a des enfants.