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le maître de la lumière

l’éclair que produit tout à coup l’attention subitement éveillée. Malgré lui, M. Palanque suivit la direction de ces regards, attirés vers quelque particularité imprévue et, sans nul doute, des plus intéressantes. Et il découvrit ainsi l’objet d’une curiosité intense à ce point.

Deux jeunes femmes, discrètement mais parfaitement élégantes, issues de la passerelle, mettaient le pied sur le pont.

Deux jeunes femmes ? Un instant d’examen modifiait le premier jugement. La blonde, oui, celle-là, était une jeune femme. Mais la brune ne pouvait être qu’une jeune fille ; elle en portait les marques exquises dans l’éclat juvénile de sa beauté.

— Voici d’aimables compagnes de voyage ! dit le bon M. Palanque, avec l’air de féliciter l’heureux passager.

— Certes ! murmura Charles. Des Rochelloises ? Les connaissez-vous ?

— Je n’ai pas cet honneur et je le regrette ! C’est la première fois qu’il m’est donné de les apercevoir.

— Elle est ravissante, n’est-ce pas ?

— Laquelle ? demanda M. Palanque, en souriant.

— Oh ! dit Charles, d’un ton de reproche, la brune, voyons !

Un commissionnaire, porteur de légers bagages, suivait les deux voyageuses. Sur leur indication, il déposa son fardeau non loin de la valise de Charles Christiani.

La sirène du Boyardville siffla trois fois, dans un jet de vapeur blanche. On allait larguer les amarres.

— Je vous quitte ! dit précipitamment M. Palanque. Bon séjour à Oléron et bon retour à Paris !

Quelques minutes plus tard, le Boyardville, sortant du port de La Rochelle, laissait derrière lui le célèbre décor de donjons et de lanternes et gouvernait cap au sud.

Les deux femmes s’étaient installées dans leur fauteuil de pont. Charles, pour être tout près d’elles, n’eut qu’à s’asseoir dans celui qu’il avait préparé. Les passagers n’étaient pas très nombreux. Abrités dans une sorte d’encoignure, ces trois « premières classes » se trouvaient relativement isolées.

Charles écouta les propos de ses voisines. Elles par-