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le maître de la lumière

Aucune obligation ne le retenait à Paris. Aucun espoir non plus. Pendant ces sept mois, la luminite ne lui avait donné que des déceptions, pas la moindre indication qui fût à retenir. La destinée, jusqu’ici, s’obstinait à lui être contraire.

— Je veux bien, dit-il. Je partirai après la fête nationale. J’irai… n’importe où. Trois de mes amis s’en vont en Suède et en Norvège, dans quelques jours ; je les suivrai. Allons, c’est dit. Mais, auparavant, il me faut aller voir la cousine Drouet et prendre congé d’elle. Je l’ai traitée légèrement. Elle ne doit plus rien comprendre à mon silence.

— J’irai avec toi, dit Colomba. Elle m’enchante.

— Allons-y tous les trois, demain ! proposa Bertrand. Charles objecta le 14 juillet, qui lui semblait impropre à une visite correcte. Bertrand reprit :

— Tu lui feras une visite « correcte » la veille de ton départ. Mais, demain, elle sera ravie de nous offrir son balcon pour voir la revue.

— C’est vrai ! fit Charles. La revue 1830.

— Tu ne voudrais pas manquer cela, j’imagine ! dit Colomba. Toi, l’historien de cette époque-là !

— Oh ! nous avons assisté, il y a quelques mois, à une revue autrement exacte et singulièrement émouvante ! Et quand le cœur m’en dit, je fais défiler, dans mon imagination, des armées entières, dont la reconstitution, je t’en réponds, est sans défaut ! Mais, après tout, l’idée n’est pas mauvaise. J’envoie un pneu à la cousine, n’est-ce pas, pour la prévenir ?…

— C’est entendu ! dit Bertrand. Passe nous prendre demain matin.

Le lecteur se souvient très certainement de la parade militaire à laquelle Bertrand Valois venait de faire allusion. Le 14 juillet 1930, la traditionnelle revue des troupes de la garnison de Paris se double d’un spectacle peu commun. Le gouvernement de la République voulut montrer aux Parisiens les officiers et soldats qui, portant les uniformes de l’ancienne armée d’Afrique, avaient récemment défilé, à Alger, devant M. Doumergue, lors des fêtes du centenaire de la conquête. Le bey de Tunis assista, auprès du prince de Monaco, à