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CHAPITRE XVIII

la revue du 14 juillet 1930


Les oiseaux chantaient dans le salon vieillot.

La cousine Drouet glissa au-devant de ses visiteurs, en exécutant un aimable petit plongeon.

— Eh ! bonjour donc ! modula-t-elle de la façon la plus accueillante qui se pût imaginer.

Elle était tout de noir attifée, d’une jupe de soie à volants, d’un spencer de velours avec applications de jais, d’un bonnet de dentelles d’Angleterre dont les brides tombaient de part et d’autre de sa vieille figure fripée, réduite, tant soit peu barbue, où les yeux voilés ressemblaient à deux turquoises complètement fanées.

— Ma cousine !

— Ma cousine !

— Ma cousine !

Colomba, Charles et Bertrand s’empressaient. Il y avait plaisir à revoir ce siècle souriant et cocasse, cet exemple pittoresque de belle humeur et de bon ton. Et puis, ne se devait-on pas d’honorer la cousine dans la mesure même où Mme Christiani, née Bernardi, l’avait négligée ?

— Ah ! s’écria-t-elle en décroisant ses mains vétustes