soit-il ! Et voilà comment Luc de Certeuil, qui se nomme en réalité Lucien Cartoux…
Charles bondit.
— Cartoux ! s’écria-t-il. Vous vous nommez Cartoux ?
— Je comprends votre surprise, dit Luc. « Cartoux », cela vous rappelle, n’est-il pas vrai, ce brave policier qui déposa, en 1835, contre Fabius Ortofieri ? Il était mon aïeul, en effet. Je ne m’en cache pas, et je l’ai reconnu fort gentiment tout à l’heure, devant le banquier Ortofieri, qui n’a pu m’en faire grief. Mon grand-père n’a-t-il pas accompli son devoir ?
— Très bien ! Très bien ! ricana Charles Christiani. Vous vous appelez Cartoux, votre aïeul était le Jean Cartoux du procès Ortofieri, et vous venez me vendre des papiers qui — c’est probable — se rapportent à ce procès ? Des papiers provenant — je le présume — du policier en question ?
— Vous l’avez dit, et je n’avais pas l’intention de faire mystère d’une chose aussi facile à deviner.
— Ah ! ah ! triste sire que, vous êtes ! Comment ! c’est pour en arriver à cette abjecte négociation que, pendant dix mois, vous nous avez laissé souffrir, elle et moi, le martyre ! Comment ! lorsqu’elle était à deux doigts de la mort, vous pouviez, d’un mot, la sauver, et vous n’avez rien dit !
— Je ne prétends pas à la vertu, dit Luc avec une sournoise fermeté.
— Laissons ce sujet, décida Charles. Je ne suis pas chargé de vous juger. Causons affaires, comme vous dites. Ces documents, bien entendu, sont probants, indiscutables ?
— Je vous en donne ma parole d’honneur !
— Laissez-moi rire.
— Bon. Eh bien ! je vous assure, plus modestement, que ces papiers renferment la preuve indéniable que Fabius Ortofieri ne fut pas le meurtrier de César Christiani.
— Je suppose donc que, plusieurs années sans doute après la mort de Fabius, survenue durant sa détention préventive, votre grand-père, le policier Cartoux, fut