aucune excuse. Par surcroît, il avait abandonné son poste au moment d’un attentat sans précédent. Qu’adviendrait-il, si l’on trouvait ici, auprès de sa victime, le meurtrier traître à son devoir ? Arrêté, il était perdu ; peut-être même, alors, apprendrait-on qu’il avait su et caché la vérité concernant l’Ambigu, concernant un Corse…
« Il s’enfuit. Le désordre du boulevard fut son complice. Nul ne le remarqua. Tout le reste du jour, il déploya, dans les arrestations, un zèle particulier, qui contribua certainement à lui faire accorder, le soir même, le congé qu’il sollicitait.
« Ce congé, ainsi que nous l’avions flairé, n’avait qu’un but : lui épargner l’épreuve d’avoir peut-être à remonter l’escalier du 53. Ce qu’il avait fait le remplissait d’épouvante. L’idée de revoir le cadavre de sa victime lui était intolérable.
« Cependant, votre aïeul, M. Fabius Ortofieri, était incarcéré. C’est alors que Jean Cartoux commit son deuxième crime, en jurant qu’il le reconnaissait.
— Et c’est au petit-fils de cette canaille que j’allais donner ma fille ! dit M. Ortofieri en esquissant un rictus de commisération.
Il prit le manuscrit et le rejeta sur la table, avec une dédaigneuse pitié.
— Je voudrais maintenant vous présenter à ma femme, poursuivit-il. Et, hum ! hum ! à ma fille aussi… Je suppose qu’elles sont à la maison…
Charles, fort embarrassé, s’empressa de répliquer :
— Ma mère serait heureuse, monsieur, de rendre ses devoirs à Mme Ortofieri. Elle voudrait, de plus, au nom des Christiani, vous apporter l’hommage de nos excuses. Nous les devons à l’héritier de Fabius Ortofieri.
— Paix aux morts, dit le banquier. Oublions ces vieilles choses. L’essentiel c’est qu’il n’y ait jamais eu de sang entre nous, ni rien qui justifiât le sang. Des excuses ! Vous ne voudriez pas !
— De toute façon, reprit Charles, ma mère désirerait beaucoup…
— Venez, monsieur Christiani !
« Pourquoi rit-il », se demandait Charles en obéis-