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le maître de la lumière

petite chambre haute n’occupait pas entièrement, au dernier étage, la contenance de la tour carrée. Sa porte s’ouvrait sur un léger escalier de sapin qui, dans le bas, communiquait avec le grenier du bâtiment en retrait, par une ouverture sans porte. Il n’y avait pas d’autre issue à la petite chambre haute.

— Qu’est-ce que monsieur Charles pense de tout ça ? questionna anxieusement Péronne. Pas de bruit ! Pas un souffle ! Et toutes les nuits, le servant revient à la même heure, se retire à la même heure ! Je ne sais pas si monsieur se représente ce que c’est que de loger sous le même toit qu’une épouvante pareille ! Sans compter qu’on ne sait pas où il va, ce maudit, quand il quitte de là-haut !

— En somme, dit Charles, qu’avez-vous fait ? Quelles mesures avez-vous prises ?

Claude fit un geste d’impuissance.

— J’ai écrit à Madame… J’ai installé nos lits au rez-de-chaussée, pour pouvoir dormir, parce que nos mansardes, dans le grenier… Vous comprenez !… D’ailleurs, j’ai continué à surveiller, et même avec des hommes du hameau. Ils m’ont tenu compagnie et vous répéteront ce que je viens de vous dire…

— Surveiller ? Où ? Comment ?

— Mais… d’ici où nous sommes… depuis la tombée du jour jusqu’à la disparition de… la chose…

— À quoi ressemble-t-il, votre servant ?

— On ne saurait bien le connaître, monsieur Charles. La lumière est faible. On ne distingue qu’une forme obscure et on n’en voit que le buste, comme de bien entendu.

— Parmi les gens du village, aucun n’a eu l’idée de monter là-haut pendant que votre visiteur s’y trouvait ?

— Oh ! se récria Claude, tandis que Péronne exprimait le même sentiment. Pas un ne voudrait s’en mêler !

— Bien. Et dites-moi, Claude : avez-vous soupçonné quelqu’un de vous jouer cette désagréable comédie ? Voilà évidemment une supposition que vous avez faite, n’est-ce pas ? Avez-vous des ennemis ? En avons-nous ? Un mauvais plaisant vous mystifie, cela me paraît cer-